Présentation – Activité année 2020 & Partenariats – Soutiens

Le contexte n’ayant  pas permis la convivialité du présentiel,  notre Assemblée Générale qui s’est tenue le 12 mars, s’est déroulée en visio

Cela a été une occasion d’échanges entre nos adhérents et les jeunes mineurs, jeunes majeurs étrangers dont nous faisons entendre la voix.

Derrière les  chiffres de présentation, c’est avant tout la solidarité qui s’est exprimée ; ils représentent des parcours, l’avenir de jeunes qui trouvent leur place dans notre société.

Nombre de donateurs individuels 55
Nombre de donateurs collectifs 12
Principal poste de dépense : le Logement
Nombre de jeunes aidés 27
Nombre de nuitées assurées 1.101

Merci  à chacune, chacun pour sa contribution à cette aventure solidaire dans laquelle vous apportez votre touche personnelle.

NOTRE PROJET

  • donner leur place aux jeunes mineurs, jeunes majeurs isolés étrangers
  • les rendre acteurs  dans un réseau solidaire et citoyen.

NOS ACTIONS

Accompagnement de parcours individuel vers l’emploi

  • FACE – Programme PEMS
  • EDI/ EQUALIS  – PJJ Protection Judiciaire de la Jeunesse
  • CFA – UFA : toutes activités, tous types de structures

Apprentis Auteuil – Promotrans – CFA Boulangerie – Ecole Professionnelle de la Boucherie – Campus des Métiers de Bobigny – CFA Académique métiers de l’Electricité, du Sanitaire, de la Plomberie –le CHEP Horticulture…

Aide à l’hébergement d’urgence

  • Jeunes mineurs à la rue au moment du 1er confinement
  • Jeunes apprentis ou lycéens mis à la rue en septembre

Accompagnement dans le numérique

  • Programme Atelier numérique PIXAIDE

Ateliers de soutien-animés par des Bénévoles-

  • Alphabétisation
  • Stage d’immersion
  • Atelier de maths – de français
  • Préparation recherche métiers

En présentiel et en visio

En partenariat  avec  des COLLECTIFS & des ASSOCIATIONS SOLIDAIRES

Cliquer sur ce lien pour télécharger le document de présentation





Lettre ouverte au Préfet des Hauts de Seine

Route de l’apprentissage – sortir de l’impasse

Heureux et fiers d'être apprentis

Depuis le début de l’année, 17 jeunes MNA* – mineurs non accompagnés- relevant de la Préfecture de Nanterre, candidats à l’apprentissage ou apprentis diplômés , se sont vus notifier,  un refus de séjour avec obligation de quitter le territoire. Et pourtant, ces jeunes sont unanimement reconnus pour leur sérieux, leur implication, et leur contribution au quotidien dans la période de confinement et de restriction sanitaire.

Nous avons fait appel auprès du Préfet de Nanterre pour demander l’annulation de refus de séjour de ces jeunes dont le parcours professionnel se trouve, pour certains, interrompu depuis plus de 6 mois. Dans toute la France, les employeurs, se sont mobilisés ; au travers du mouvement « Patrons Solidaires », ils font connaître haut et fort que l’apprentissage ça marche, avec ces jeunes étrangers.

La ministre du Travail, elle-même, a déclaré en janvier dernier « Quand on accueille des mineurs non accompagnés qui s’engagent dans des formations, au bout de deux ans, si tout s’est bien passé, alors ils peuvent continuer à travailler en France»

Nous, Associations, Collectifs, Employeurs, CFA, simples citoyens, acteurs de tous horizons, au nom de la solidarité,

  • nous ne pouvons pas accepter cette situation.
  • nous demandons pour ces jeunes qui le méritent un titre de séjour avec droit au travail.

Pour signer la lettre ouverte, envoyer un mail à sje92.solidarite@gmail.com

«Je signe la lettre ouverte au Préfet du 92» en précisant :

Nom/ Prénom/ Qualité et, si vous signez au nom d’une organisation, le nom de cette organisation.

Heureux et fiers d’apprendre un métier

Pour accéder à la lettre ouverte, cliquer sur ce lien :

“Petits patrons, jeunes migrants” titre Libération. Pour illustrer la route de l’apprentissage “Instants Saveurs – Sophie, Franck, Cellou”

L’histoire de Cellou, jeune guinéen de 17 ans, est celle d’une  succession de hasards heureux qui lui ont permis de rencontrer Johanna, Assetou, Alice, Sophie, Franck et d’ouvrir la route pour se former au métier

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de boulanger, le métier qu’il rêve d’exercer.

Cet été Cellou a participé à un stage d’immersion de pompiers, organisé par Face et l’Ecole du Feu. Il y a rencontré Alice, salariée du groupe ENGIE, présente le jour de la cérémonie de clôture. Alice touchée par son parcours a parlé de la recherche d’apprentissage de Cellou autour d’elle. 

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Elle l’a mis en contact avec Franck et Sophie, artisans boulangers pâtissiers. Ils ont été tout de suite d’accord pour l’accueillir en stage et, dans la foulée ils ont signé en octobre un contrat d’apprentissage. Et pourtant, il y a quelques mois, au moment du 1er confinement Cellou était dehors, sans abri, la peur au ventre. Aujourd’hui il est de plein pied dans son apprentissage.

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Heureux et fier d’apprendre un métier.

Témoignage de Sophie Alicia, ma fille en 4ème, aborde en géographie le sujet de la migration sous toutes ses formes. Le professeur a demandé si quelqu’un  de la classe connaissait une personne qui avait traversé des frontières pour arriver en France. Elle… ma timide… a osé lever la main et a raconté brièvement l’histoire de Cellou. Toute sa classe était “choquée”; c’est le  terme qu’elle a  utilisé. Ils ont dit que cela n’arrivait qu’à la télé, dans les films. Son professeur a fini par la questionner un peu plus pour connaître le présent et  l’avenir de Cellou; quel est son métier, où habite-t-il, ou travaille-t-il, quel âge a-t-il ? Alicia ne connaissait pas tous détails de l’aventure de Cellou. Puis elle a esquissé un sourire lorsqu’Alicia lui a dit que Cellou était apprenti chez nous et qu’il travaillait mieux que les autres apprentis. Son professeur a souhaité à Cellou un bel avenir en France et un éventuel CDI parmi nous. Comme quoi, les journaux, l’éducation à l’école, l’échange entre adultes-enfants, les combats tels que les vôtres, permettent de bousculer des  a priori et faire tomber des barrières.

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Témoignage de Franck Je considère que c’est une chance de pouvoir aider Cellou, c’est une rencontre incroyable et je vous remercie de nous l’avoir fait partager.

Pour télécharger le témoignage – cliquer sur le lien http://sje92.fr/wp-content/uploads/2021/02/feuille-solidaire-route-apprentissage-Cellou.pdf

http://sje92.fr/wp-content/uploads/2021/02/Libération-ApprentissageMNA-Dossier-Texte-002.pdf

Libération du lundi 1er février, consacre quatre pages à la situation des “petits patrons et des jeunes migrants.”

Beaucoup de clichés volent en éclats…

Atelier PIX’AIDE du 19 décembre 2020

Séance exceptionnelle pour ce dernier atelier du trimestre.

L’équipe PIX’AIDE a remis individuellement  à chaque jeune participant à l’atelier un ordinateur. Cela va permettre à chacun de mettre en pratique tout ce qui a déjà été appris et de progresser plus rapidement. Cette opération a été possible suite aux contacts pris par l’équipe Pix’Aide avec

  • Emmaus Connect qui a fourni les ordinateurs
  • Une entreprise qui nous a accueilli dans ses locaux pour cette séance spéciale

Nous sommes heureux et fiers  de notre  navire solidaire,

heureux et fiers de partager cet atelier.

On y apprend l’informatique, on y partage des moments cde solidarité, comme celui d’aujourd’hui

Camino caminando nous construisons demain ensemble.

Merci l’équipe PIX’AIDE.

Merci Emmaus Connect.

Merci la famille  Zekri de nous avoir reçu dans ce lieu chargé d’histoire

Lancement d’un atelier numérique année 2020/ 2021

Dans la société actuelle, la barrière du numérique constitue un réel frein à l’intégration des jeunes mineurs étrangers.  Afin de lever cet obstacle, nous avons noué un partenariat pour lancer à la rentrée scolaire 2020-2021 un atelier numérique, accueilli par le Centre72

Le projet, initié en avril 2020, a démarré en octobre 2020. C’est un atelier hebdomadaire qui s’inscrit dans le parcours des étudiants de 2ème année de l’IESEG et se déroulera sur toute l’année scolaire à venir.  

8 étudiants de PIX’AIDE mettent, solidairement, leur savoir faire au service
de 16 jeunes que notre association accompagne

Chacun de ces jeunes a fait acte de candidature; chacun a signé une convention : « engagement d’assiduité, de ponctualité, de respect des règles et des personnes. Cette activité s’inscrit dans un cadre solidaire et citoyen et se déroule dans un climat de confiance réciproque »

Un atelier de mathématiques ouvre ses portes en complément ; il accueille 8 jeunes.

Le centre 72 continue à constituer pour les jeunes de l’Association un point de rassemblement : ils y sont venus régulièrement ; ont participé à des cours d’alphabétisation, à des semaines intensives de formation, à la campagne de candidature « osons l’apprentissage », à des réunions d’information durant leur parcours de recherche de formation.  C’est une de leurs maisons du savoir et de la solidarité. Ils ont plaisir à y revenir régulièrement. Merci au CENTRE 72  de nous y accueillir

La première séance a eu lieu à l’anticafé de la Défense, point de rendez-vous idéal pour une première rencontre. Celle-ci a permis aux membres de l’Association Pix’Aide  et aux jeunes de faire plus ample connaissance et de se fixer des objectifs communs. Malheureusement , à cause du contexte sanitaire, les séances suivantes ont été réalisées en visio.

Au cours des 3 premières séances, les jeunes les plus débutants ont appris à se servir des différentes fonctionnalités de leur boîte mail (envoyer/ recevoir/ transférer un email sur ordinateur/ envoyer une copie/ joindre/ télécharger un fichier). Ceux faisant partie du niveau intermédiaire sont maintenant capables de postuler à des annonces en ligne et sont en plein apprentissage des différentes fonctionnalités de Word et de la création d’un CV. Enfin, les jeunes les plus avancés ont passé les 3 séances sur les logiciels Powerpoint et Excel.       

Le bilan de ces trois premières séances digitales : tout le monde est parvenu à progresser malgré les circonstances. La concentration et la persévérance ont porté leurs fruits. Evidemment les jeunes de l’Association SJE92 et l’équipe Pix’Aide sont pressés de se retrouver dans des conditions plus favorables à l’avancée des ateliers. Une fois le déconfinement annoncé, les séances reprendront au Centre 72  

Billet du jour : Mohamed vient d’apprendre que sa demande de nationalité française est acceptée.

Bonjour à tous. C’est avec un cœur rempli de bonheur et d’amour que j’écris cette note pour remercier du plus profond de mon cœur  tous les membres de l’association qui depuis mon arrivée ont été d’un soutien moral, financier et  surtout dans tous mes démarches administratives. Je profite pour faire un remerciement spécial pour madame Dominique Medina qui a été d’ un soutien incommensurable pour moi . Je ferai tout pour être à la hauteur de vos espérances. Mohamed Aly LABITA

Carnet de confinement

Arnaud, Lamin, Karim, Cellou, mineurs étrangers isolés en France n’avaient  ni hébergement, ni nourriture quand le confinement a été décrété. Un appel à dons  a permis à notre Association de financer leur logement et leurs repas. Ils font du travail scolaire dans le cadre de différents groupes -en video, audio…- que nous organisons  

Nous remercions, en leurs noms, et au nôtre,  chaque donateur de sa précieuse contribution.

« Bonjour à tous

Je m’adresse à l’Association Solidarité Jeunes Etrangers

Je me nomme Arnaud, je viens de la Côte d’Ivoire. Je vais parler de ma vie de confinement. Je suis à la maison, avec Lamin, un jeune frère de Gambie. Je partage mes journées de confinement avec lui. Le matin, on essaye de faire le sport ensemble ; après le sport je nettoie la maison. Lamin, lui fait la cuisine et après on mange, on fait des petits exercices. Après l’exercice on essaie d’échanger sur la vie actuelle que traverse le monde, surtout la France. On reste à la maison pour notre bien être et pour ne pas avoir d’amende par la police. 

Je remercie beaucoup l’Association Solidarité Jeunes Etrangers pour leur bravoure envers nous les enfants vulnérables. C’est avec joie émotion que j’écris cette note. J’aime la France. Vive la République. Liberté – Egalité – Fraternité

Arnaud D.

« Je m’appelle Lamin. J’écris ce texte sur la maladie de Covid 19. Les rues étaient vides, les magasins fermés, les gens ne pouvaient plus sortir, mais le printemps ne le savait pas. Les fleurs ont commencé à fleurir, le soleil brillait, les oiseaux chantaient. Les jeunes devaient étudier en ligne et trouver des occupations à la maison.

 Les gens ont réalisé l’importance de la maladie, la souffrance de ce monde. 

Je tiens à remercier l’Association qui m’a aidé à faire le confinement à la maison. Vive la République. Vive la France. Merci à vous tous.

Lamin D.

Malick DIOP – apprenti en brevet professionnel Les Arts de la Cuisine – Son restaurant est fermé. Il s’est engagé comme bénévole aux «Ravitailleurs », collectif d’acteurs de la restauration “Je voulais être utile, je me sentais solidaire des plus vulnérables alors j’ai trouvé ma place : je prépare des repas qui sont distribués aux plus démunis”

Accesible en téléchargement l’exemplaire complet du “Carnet de confinement”

Refusons que la protection de l’enfance soit sacrifiée dans la lutte contre la pandémie

TRIBUNE parue dans Libération le 23/042020

Par Lyes Louffok, ancien enfant placé et membre du Conseil national de la protection de l’enfance et Anaïs Vrain, juge des enfants, membre du Syndicat de la magistrature — 23 avril 2020 à 06:43

Face au coronavirus, les services de protection de l’enfance, déjà mal en point, ne sont plus en mesure de remplir leur mission d’accompagnement. De toute urgence, il faut bannir les placements à l’hôtel, garantir la continuité des soins ainsi que le repérage des situations de violence.

 Refusons que la protection de l’enfance soit sacrifiée dans la lutte contre la pandémie

Tribune. Monsieur le président, le 16 mars, devant des millions de personnes, vous avez déclaré, avec gravité, que nous étions en guerre. Dans toutes les guerres précédentes, les enfants ont été les grands oubliés. Celle-ci ne fait pas exception. En décidant de ne pas agir pour protéger nos générations futures, vous les sacrifiez. Comme dans l’hôpital public, cette crise pointe cruellement le désengagement de l’Etat à l’égard de ceux, vulnérables parmi les vulnérables, représentant aussi l’avenir de notre pays.

Aujourd’hui, dans les foyers où sont placés des dizaines de milliers d’enfants en danger, les conditions de vie se dégradent jour après jour, mettant encore plus en difficultés ceux qui l’étaient déjà. Dans ce contexte de pandémie, la santé et la sécurité des enfants placés sont gravement compromises par le sureffectif, l’absence de personnel suffisant et de protection sanitaire. Véritable rampe de lancement de l’épidémie, les structures d’accueil explosent, tandis que les familles d’accueil sont abandonnées à leur triste sort. La situation sanitaire associée aux manques de moyens et d’effectifs conduit à opérer un choix radical entre accepter un retour dans leur famille d’enfants placés, au risque de maltraitances pour certains, ou les couper pendant plusieurs semaines de leurs parents, ces décisions étant arrêtées trop souvent sans l’accord du juge des enfants, pourtant seul habilité à les prendre.

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Par ailleurs, des milliers d’enfants relégués à l’hôtel se débattent, seuls, dans des conditions d’hygiène déplorables, dont une partie n’a rien à attendre d’un soutien familial en France, étant arrivés seuls sur le territoire. Cette situation fragilise l’ensemble de ces enfants déjà surexposés aux angoisses de mort, à la terreur et à l’abandon. Pour les enfants suivis à leur domicile, le confinement accentue le huis clos familial difficile, voire violent, et empêche les professionnels d’intervenir chez eux. Véritables poudrières, les services de protection de l’enfance ne sont plus en mesure d’assumer leurs missions premières : évaluer les situations de danger, protéger, soutenir et accompagner.

Partir au combat sans casque

Comment pouvons-nous accepter que nos soldats partent au combat sans casque ? Que des enfants maltraités ne soient plus repérés, ni signalés, ou ne disposent plus d’interlocuteur éducatif pour alerter ? Que des enfants fugueurs se voient refuser l’accès à leur foyer ? Que des enfants handicapés ne soient plus soignés ? Que des enfants souffrant d’addictions n’aient aucun soutien ? Que des parents n’aient pas de quoi nourrir leurs enfants, récupérés dans l’urgence à la suite de la fermeture de structures ? Que les juges des enfants ne soient plus en mesure de tenir des audiences ?

Dans une situation déjà explosive avant la pandémie, la confusion dans laquelle nous plongent les pouvoirs publics ajoute à la maltraitance des enfants, des familles et des professionnels de la protection de l’enfance, tant du champ médico-social que judiciaire. Le confinement, les réponses différentes d’un territoire à l’autre, la marginalisation des droits devant les juges des enfants prévue dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire sont autant d’éléments qui renvoient, encore plus que d’habitude, les enfants à des situations familiales inégales et des niveaux de protection disparates.

La guerre est là, mais elle n’est pas nouvelle. Elle a lieu dans des familles, où chaque jour 200 enfants sont victimes de maltraitances. Dans les tribunaux, où les juges des enfants et les greffiers se battent ardemment pour remplir leur mission avec trop peu de moyens. Dans les services d’Aide sociale à l’enfance et de la Protection judiciaire de la jeunesse, où de nombreux professionnels ne disposent plus du temps nécessaire pour évaluer, accompagner et protéger. Dans les services éducatifs intervenant à domicile, où les listes d’attente ne cessent de s’allonger. Dans les services de soins, centres médico-psychologiques, ou du moins ce qu’il en reste. Dans les foyers d’enfants, où la violence se répète encore. Dans les familles d’accueil, qui ne bénéficient pas de l’accompagnement suffisant. Dans les hôtels, là où meurent des enfants délaissés. Enfin, elle a lieu dans la rue, là où vivent de nombreux anciens enfants placés, mis à la porte d’un système à bout de souffle, le jour de leurs 18 ans. Qu’avez-vous entrepris contre ces guerres, lorsque les associations de protection de l’enfance, les collectifs d’anciens enfants placés et les professionnels de l’enfance vous ont interpellés ces dernières années ?

Si la lutte contre le coronavirus pose des questions inédites à une protection de l’enfance déjà bien mal en point, elle se fait aujourd’hui au détriment du droit de chaque enfant à être protégé, à voir ses besoins fondamentaux satisfaits.

La protection de l’enfance ne se nourrit pas de discours et d’applaudissements. De toute urgence, vous devez fournir les protections sanitaires essentielles, ouvrir de nouveaux lieux pour accueillir les enfants, bannir les placements d’enfants à l’hôtel, rappeler l’interdiction des mises à la rue des enfants placés devenant majeurs, garantir la continuité des soins, assurer le maintien des liens familiaux actés par la justice, garantir le repérage des situations de violence.

Après le confinement, l’heure des comptes

Dès la fin du confinement, nous demanderons des comptes. Les décideurs politiques devront justifier les choix effectués pendant des années, faisant de milliers d’enfants en danger des sacrifiés de la République. Les institutions concourant à la protection de l’enfance devront rendre des comptes sur la manière dont elles se sont assurées de leur mission, avant, pendant et après la pandémie. Elles devront organiser, pour l’avenir, des plans de continuité de l’activité détaillés, élaborés collectivement et coordonnés.

Surtout, il sera urgent de questionner le rôle de l’Etat dans les missions essentielles de protection de l’enfance, d’interroger la compétence actuelle des départements à gérer cette situation, abandonnant à ce jour nos enfants à leur triste sort, dépendants de politiques locales qui ont démontré leur inégalité et souvent leur inefficacité à les protéger et les accompagner dignement, en temps de guerre comme en temps de paix. Monsieur le président, de vos actions futures, de vos choix – notamment budgétaires –, en somme de votre volonté politique, dépend l’intégrité physique et psychique, la vie de milliers d’enfants.

Premiers signataires : Syndicat de la magistrature, SOS Enfants Placés, Syndicat des avocats de France, Fédération nationale des assistants familiaux, La FSU, Françoise Laborde, journaliste écrivaine, Antoine Dulin, Conseil Économique, sociale et environnementale, Michèle Créoff, ancien cadre territorial, membre du Conseil national de la protection de l’enfance, Sylvain Louvet, journaliste, réalisateur du documentaire Enfants placés, les sacrifiés de la République, Dominique Attias, avocate, ancienne vice-bâtonnière du barreau de Paris, Droit au logement, Réseau éducation sans frontières, Fédération Sud éducation, Fédération Sud Santé Sociaux,  SNPESPJJ/FSU, Solidaires Justice, La CGT, Union syndicale Solidaires, SNUASFP/FSU.

La liste complète des signataires

Lyes Louffok ancien enfant placé et membre du Conseil national de la protection de l’enfance Anaïs Vrain juge des enfants, membre du Syndicat de la magistrature

Face au coronavirus, restons chez nous, mais n’oublions pas ceux qui n’ont pas de chez-eux ! »

TRIBUNE – Publié le 20 mars 2020

Deux députés LRM et deux responsables de grands réseaux associatifs alertent, dans une tribune au « Monde », les pouvoirs publics sur l’urgence d’amplifier les mesures destinées aux plus précaires, notamment en ce qui concerne la prolongation d’office des titres de séjour.

Tribune. Le président de la République, dans son allocution du lundi 16 mars, a clairement insisté sur le fait que « pour les plus précaires, pour les plus démunis, pour les personnes isolées, nous ferons en sorte, avec les grandes associations, avec aussi les collectivités locales et leurs services, qu’ils puissent être nourris, protégés, que les services que nous leur devons soient assurés ».

Défi collectif

C’est un impératif majeur. La crise que nous traversons, inédite à tous points de vue, est un défi collectif qui met à l’épreuve également notre capacité à faire vivre la solidarité nationale, en toutes circonstances. Personnes sans-abri, migrantes, accueillies en centres d’hébergement ou encore mineurs isolés résidant dans des hôtels sociaux… La survie de ces populations en dépend totalement !

Fragilisés par la précarité, pour beaucoup, déjà atteints de pathologies chroniques, ce sont des publics particulièrement vulnérables face au virus. Et les mesures de confinement, nécessaires, viennent aggraver leur situation car elles impactent directement les services essentiels apportés quotidiennement à ces personnes par les acteurs associatifs : les professionnels et bénévoles (souvent des retraités) n’étant plus toujours en mesure d’exercer leurs missions régulièrement.

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Si l’annonce de la prolongation de la trêve hivernale des expulsions locatives, du plan hivernal dans l’hébergement d’urgence et le report de la réforme des aides personnalisées au logement (APL) sont trois décisions importantes, nous souhaitons alerter les pouvoirs publics sur la nécessité d’amplifier les mesures destinées aux plus précaires et assurer, sur le terrain, un pilotage de crise en forte coordination avec les acteurs sociaux et associatifs.

S’adapter à la gravité de la situation

Le ralentissement de l’économie et l’activité qu’il peut générer sont aussi une source d’angoisse pour ceux qui sont déjà dans des situations difficiles, les foyers monoparentaux, les travailleurs pauvres en particulier. Le report de l’application des nouvelles règles d’indemnisation du chômage est à cet égard à saluer. Mais nous devons dès à présent aller plus loin et nous adapter à la gravité de la situation.

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C’est pourquoi, afin de pallier le manque en ressources humaines auquel sont aujourd’hui confrontés les acteurs de la solidarité, nous proposons d’étendre aux travailleurs sociaux les mesures prévues pour faciliter l’activité des personnels de santé, en particulier la fourniture de masques et de gants, ainsi qu’une attestation pour pouvoir circuler et l’accès aux modes de gardes exceptionnels mis en place pour leurs enfants.