Face au coronavirus, restons chez nous, mais n’oublions pas ceux qui n’ont pas de chez-eux ! »

TRIBUNE – Publié le 20 mars 2020

Deux députés LRM et deux responsables de grands réseaux associatifs alertent, dans une tribune au « Monde », les pouvoirs publics sur l’urgence d’amplifier les mesures destinées aux plus précaires, notamment en ce qui concerne la prolongation d’office des titres de séjour.

Tribune. Le président de la République, dans son allocution du lundi 16 mars, a clairement insisté sur le fait que « pour les plus précaires, pour les plus démunis, pour les personnes isolées, nous ferons en sorte, avec les grandes associations, avec aussi les collectivités locales et leurs services, qu’ils puissent être nourris, protégés, que les services que nous leur devons soient assurés ».

Défi collectif

C’est un impératif majeur. La crise que nous traversons, inédite à tous points de vue, est un défi collectif qui met à l’épreuve également notre capacité à faire vivre la solidarité nationale, en toutes circonstances. Personnes sans-abri, migrantes, accueillies en centres d’hébergement ou encore mineurs isolés résidant dans des hôtels sociaux… La survie de ces populations en dépend totalement !

Fragilisés par la précarité, pour beaucoup, déjà atteints de pathologies chroniques, ce sont des publics particulièrement vulnérables face au virus. Et les mesures de confinement, nécessaires, viennent aggraver leur situation car elles impactent directement les services essentiels apportés quotidiennement à ces personnes par les acteurs associatifs : les professionnels et bénévoles (souvent des retraités) n’étant plus toujours en mesure d’exercer leurs missions régulièrement.

 Lire aussi  « Le coronavirus, c’est la double peine pour les plus pauvres » La fermeture des restaurants et les mesures de confinement vont précariser davantage ceux qui se nourrissent d’invendus et vivent dans la rue et les bidonvilles, où ils courent déjà le risque de contracter le Covid-19, prévient Nicolas Clément, du Secours catholique, dans une tribune au « Monde ».

Si l’annonce de la prolongation de la trêve hivernale des expulsions locatives, du plan hivernal dans l’hébergement d’urgence et le report de la réforme des aides personnalisées au logement (APL) sont trois décisions importantes, nous souhaitons alerter les pouvoirs publics sur la nécessité d’amplifier les mesures destinées aux plus précaires et assurer, sur le terrain, un pilotage de crise en forte coordination avec les acteurs sociaux et associatifs.

S’adapter à la gravité de la situation

Le ralentissement de l’économie et l’activité qu’il peut générer sont aussi une source d’angoisse pour ceux qui sont déjà dans des situations difficiles, les foyers monoparentaux, les travailleurs pauvres en particulier. Le report de l’application des nouvelles règles d’indemnisation du chômage est à cet égard à saluer. Mais nous devons dès à présent aller plus loin et nous adapter à la gravité de la situation.

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C’est pourquoi, afin de pallier le manque en ressources humaines auquel sont aujourd’hui confrontés les acteurs de la solidarité, nous proposons d’étendre aux travailleurs sociaux les mesures prévues pour faciliter l’activité des personnels de santé, en particulier la fourniture de masques et de gants, ainsi qu’une attestation pour pouvoir circuler et l’accès aux modes de gardes exceptionnels mis en place pour leurs enfants.